TANIÈRES N°5, le repaire des écrivains - Emmanuelle Urien -

Texte & photographies de Jean-Jacques Ader

Il est parfois saisissant, dans une maison de ville, de constater la différence entre l’agitation tumultueuse de l’avenue qui la jouxte et le calme intérieur qui règne dès la porte refermée, réalisant par là même, dans quel brouhaha quotidien nos oreilles sont habituellement baignées. Sensation rassurante et calme bienvenu chez Emmanuelle Urien, quand on sait que son activité professionnelle s’exerce ici-même, de deux à quatre mains, son compagnon pratiquant aussi l’écriture et la traduction.


Le patio-jardin intérieur donne accès aux deux bureaux, constitués par l’ancien garage de la maison d’à côté qui a été réhabilité. Un, au rez-de chaussée, l’autre à l’étage. Leur attribution en a été simple, comme l’étage était le plus convoité, la sélection s’est faite par … la taille. Situé en haut d’un escalier en raidillon et d’un passage limité en hauteur à 1,60m, la place au premier a été interdite à monsieur sous peine de bosses à répétition. Depuis ce poste Emmanuelle domine donc, et bénéficie d’une jolie vue sur le coin de verdure, où elle et son ordinateur portable s’auto-délocalisent parfois, l’été, en quête de fraîcheur. 
Garnie d’une partie de sa bibliothèque, des Pléiades y côtoient sans rechigner des BD, une série d’Éric Chevillard voisine sans soucis apparents avec le fantastique de Jeff Giles, le reste de la pièce héberge le nécessaire au travail, dans un ordre et un rangement que réclame la multiplicité des projets de traduction et d’écriture. 


Deux mannequins de bois articulés, nous indiquent peut-être des velléités artistiques passées, tandis qu’un tableau noir servant manifestement de pense-bête, affiche des mots inscrits à la craie, mélangeant les langues et les couleurs ils restent mystérieux pour le visiteur et leur sens n’est sûrement connu que de leur auteure.


L’écran de l’ordinateur, fixé au mur comme en apesanteur, est surmonté d’une affichette énonçant les droits de l’homme, dont la teneur des déclarations échappe de temps en temps, sans doute, aux éditeurs exigeant des délais de rendu de travaux toujours plus resserrés.

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