Une quarantaine de photographes et créateurs sont de nouveau au rendez-vous et nous font des propositions autant documentaires qu’expérimentales, esthétiques ou de recherches, de coloriages et de collages.
Compte-rendu de résidence pour Joan Fontcuberta et Laia Abril (prix de la photo 2016 à Arles) tous les deux puisant l’inspiration dans un lot de polaroids anonymes. Le photographe barcelonais, lui, s’est fondu dans l’univers surréaliste des lieux et des paysages, mélangeant corps nus, rochers et coquillages. Sa compatriote quant à elle, a choisi l’expérimentation : photographier les ombres projetées par les objets privés de Gala Dalí, pour les photos montrées à la Galeria Cadaqués. Elle a ensuite confié la reconstitution de ces silhouettes fantomatiques à une intelligence artificielle – pour l’expo du jardin de la Casa Dalí à Port Lligat -, donnant des images poétiques, qui dialoguent entre elles et évoquent le monde de l’illusion et du mystère.
Restitution de travaux aussi pour Paul Cupido, dont le travail s’articule autour de concepts philosophiques universels tels que l’impermanence. Il semble avoir trouvé une terre de prédilection le long de cette côte méditerranéenne, en déclarant sa flamme aux éléments qui la composent. Ses images contemplatives nous renvoient à notre présence au sein même de la nature. Anna Muller, artiste visuelle qui offre une nouvelle réalité aux images existantes, rend compte de ses investigations dans les archives surréalistes et patrimoniales de Cadaqués. Dalí et Gala, vérités et fictions, elle nous propose des collages originaux et élégants, imprégnés d’onirisme et évoquant les légendes locales liées au peintre catalan et
à l’atmosphère des lieux, jusqu’à troubler notre capacité de perception.
Occupant l’étage du Societat Amistat, Martin Parr et son regard ironique côtoie les instantanés de l'Anonymous Project de Lee Shulman avec une étonnante connivence. Rare sont ceux qui arriveraient à distinguer ces scènes de la vie de la classe moyenne des années 50 à 80 des photographies du célèbre photographe britannique. La frontière séparant les images d’amateurs anonymes du professionnel est même difficilement visible. Il faut sans doute chercher dans l’intention de départ, à la prise de vue, et à la diffusion réservée à ces lots de photographies. Remarqués aussi : les portraits d’écolières et écoliers d’Afrique du Sud de Lee-Ann Olwage, dansant dans leur classe ou posant face à l’objectif, les fleurs ornant certaines images évoquant l’évasion et le désir d’émancipation. L’artiste et réalisatrice libanaise Rima Samman présente une série extraite de son livre L’amour se porte autour du cou (Filigranes 2021) sous la forme de portraits de membres de sa famille, que la mise en couleurs à la main transforme en mémoire vive et chamarrée.
Installations et accrochages étoffés, pas moins de quatre artistes-résidents cette année, cocktails accueillants et soirées festives pour les heureux possesseurs du pass festival, InCadaqués semble trouver un nouvel élan prometteur pour la suite.
Jean-Jacques Ader
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